Le silence des dévoreurs


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Elle s’endormit dans le silence.
La chambre était paisible, plongée dans une obscurité lourde. Pourtant… quelque chose bougeait.

D’abord, ce fut un souffle. Froid. Insidieux.
Puis, des doigts invisibles qui effleurèrent sa peau. Elle ouvrit les yeux, mais il n’y avait rien. Rien… sauf cette ombre collée à son plafond.

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Un être sans forme, qui se contorsionnait, fluide, épais, noir comme du goudron.
Et d’un seul geste, il glissa, lentement, sur son corps.

Elle voulut crier. Aucun son ne sortit.
Sa gorge était nouée, ses poumons écrasés. Le démon s’asseyait sur elle, immobile, ses yeux absents plongés dans les siens.

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Alors, il commença à se nourrir.
Pas de chair. Pas de sang.
Mais de ce qu’elle cachait au plus profond.

Son premier souvenir douloureux, arraché comme une page brûlée.
Une rancune ancienne, engloutie comme un festin.
Sa solitude, savourée comme un nectar épais.

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Chaque émotion interdite quittait son corps dans un cri muet.
Et plus il dévorait, plus elle devenait transparente. Ses mains, ses bras, son visage… tout se vidait de substance.

Son corps restait là, immobile sur le lit.
Mais son âme, aspirée morceau par morceau, disparaissait dans la gueule béante de l’ombre.

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Lorsque le jour se leva, il ne restait d’elle qu’une coquille. Des yeux vides fixant le plafond. Une bouche entrouverte qui semblait vouloir dire quelque chose… mais trop tard.

Le démon, lui, avait disparu.
Invisible. Repus.
Prêt à attendre la prochaine nuit.
La prochaine victime.
Toi, peut-être.

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