Ils ne crient pas.
Ils s’effacent.
Ils avancent avec un corps encore debout et une âme déjà morte.
Chaque jour ressemble au précédent.
Chaque matin est une répétition sans fin.
Se lever. Faire semblant. Tenir. Encore.
Ils ont appris très tôt que ressentir était dangereux.
Alors ils ont fermé.
Fort.
Définitivement.
La colère a été avalée.
La tristesse étouffée.
La peur écrasée.
Tout ce qui débordait a été enfermé à l’intérieur.
Sans issue.
Sans air.
Ils ont scellé leur monde intérieur comme une tombe.
Mais rien ne reste enfermé éternellement.
Ça pourrit.
Ça ronge.
Ça infecte.
Le corps devient une prison.
La poitrine serre.
La gorge brûle.
Le ventre se noue.
Le souffle est court, toujours trop court.
Ils vivent en apnée permanente.
Ils ne savent plus qui ils sont.
Ils ne savent plus ce qu’ils ressentent.
Ils savent seulement que quelque chose fait mal.
Tout le temps.
Ils sourient parfois.
Un sourire vide.
Un sourire automatique.
Un sourire mort.
À l’intérieur, c’est le chaos silencieux.
Un champ de ruines.
Des émotions mutilées qui frappent contre les parois.
Sans être entendues.
Jamais.
La joie ne revient plus.
Le désir disparaît.
L’amour devient une menace.
La vie devient un poids à porter.
Ils ne vivent plus.
Ils exécutent.
Jour après jour, l’intérieur se dessèche.
Le regard se vide.
Le cœur s’éteint à petit feu.
Et personne ne voit rien.
Parce qu’ils fonctionnent.
Parce qu’ils tiennent.
Parce qu’ils ne dérangent pas.
C’est une mort propre.
Silencieuse.
Acceptable.
Le corps finit par craquer.
Douleurs.
Maladies.
Épuisement.
Mais même là, ils se taisent.
Parce qu’ils ont appris que parler était interdit.
Que pleurer était une faiblesse.
Que ressentir était une faute.
Alors ils continuent de s’asphyxier.
Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à étouffer.
Plus d’élan.
Plus de chaleur.
Plus de vie.
Seulement un corps qui respire encore.
Et une âme qui ne répond plus.
La vraie horreur n’est pas de souffrir.
La vraie horreur, c’est de s’éteindre lentement en appelant ça “tenir le coup”.
Et quand tout s’arrête enfin,
il n’y a pas de drame visible.
Pas de bruit.
Pas de larmes.
Juste une évidence glaçante :
Ils ne se sont jamais autorisés à vivre.
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Khalid – une rencontre qui éclaire la vie.


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